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Vendredi, 15 août, fête de Sainte-Anne, patronne des Acadiens, c’est la Fête Nationale des Acadiens.
Je suis Acadien par mon père, de souche vendéen, dont les ancêtres habitaient l’ancienne Acadie conquise par les Anglais en 1755. Cette Acadie s’étendait sur un immense territoire dans le sud de la Nouvelle-Écosse actuelle, depuis la pointe du Cap-Breton jusqu’au Massachusetts, en Nouvelle-Angleterre. Ce territoire faisait en superficie deux fois et demi celui de la France.
Mon ancêtre, André Bernard, est arrivé en Acadie en 1641 pour servir “en l’habitation du Sieur Charles de Saint-Étienne de LaTour”.
Ce vaste pays d’Acadie dont le chef-lieu était Louisbourg et les villages principaux Port-Royal, Grand’Pré et Beaubassin, avait été colonisé et était entièrement peuplé par des Français, principalement originaires de Vendée, de Bretagne et de la Charente, qui avaient pris le nom d’Acadiens – déformation d’Arcadie, pays de la douceur. Ces Acadiens vivaient en paix, dans de petites communautés heureuses et chrétiennes, pratiquant la pêche et l’agriculture. Leurs gouverneurs successifs, Charles de LaTour, Charles de Menou, et les autres, entretaient des rapports pacifiques autant avec les Indiens micmacs qu’avec les pêcheurs basques et portugais qui fréquentaient ces côtes bénies de la Providence. Mais les Acadiens faisaient la convoitise des Anglais qui voulaient s’emparer de leurs terres.
A l’automne de 1755, traitreusement, 1,000 soldats anglais venus de la Nouvelle-Angleterre, lourdement armés, encerclèrent tous les petits villages acadiens et enfermèrent les hommes dans les églises. Puis ils louèrent des navires de marchandises où, à la pointe de la baïonnette, ils firent monter tous les Acadiens; hommes, femmes, enfants – plus de 10,000 – pour les déporter dans des terres protestantes étrangères, pour servir comme esclaves. Il n’y eu aucun égard pour que les familles ne soient pas séparées. Souvent les parents furent embarqués sur un navire et les enfants sur un autre. Les navires surchargés accostèrent des semaines plus tard le long des côtes américaines, jusqu’au Golfe du Mexique. Tous les habitants de Louisbourg et ceux de l’Île Saint-Jean (actuellement l’île du Prince-Édouard) furent envoyés dans des prisons anglaises, notamment à Portsmouth, avant d’être rapatriés en France en 1763.
Un certain nombre d’Acadiens échappèrent aux Anglais et se réfugièrent dans les vastes forêts qui séparent la Nouvelle-Écosse du Nouveau-Brunswick et du Québec. Puis, ils gagnèrent le Québec, après avoir marché des milliers de kilomètres…. Mon ancêtre, Charles Bernard, l’un des pionniers-fondateurs de Carleton, en Gaspésie, est l’un de ceux-là.
Plus de 2,000 malheureux proscrits acadiens moururent durant ces déportations, soit de faim et de misère, soit dans le naufrage des navires surchargés. Pendant ce temps les Anglais, gouvernés par l’infâme Charles Lawrence, avec la bénédiction de Cromwell, installèrent des colons anglais protestants sur les terres volées aux malheureux Acadiens. Tout ce qui ne put servir aux Anglais fut brûlé…notamment les églises.
Aujourd’hui on trouve des Acadiens dans presque tous les États des États-Unis, au Mexique, en Louisiane, dans les Antilles, en France (Belle-Ile-en-Mer), en Angleterre, etc. Au Québec, il y a plus d’un million de citoyens qui sont de souche acadienne. Je suis l’un de ceux-là.
Aujourd’hui, 15 août, c’est la Fête nationale de ce peuple martyre, celui des Acadiens – un peuple en exil, un peuple “en perpétuelle mouvance” comme l’a dit la poétesse acadienne Viola Légère, un peuple qui constitue une immense diaspora.
Des pourparlers ont lieu depuis dix ans avec le gouvernement anglais afin qu’il présente des excuses au peuple acadien pour ce génocide éhonté qui entache l’histoire de la colonisation de l’Amérique du Nord, mais rien n’a bougé de façon sensible…
Alors, voilà ce que je voulais dire; voilà ce que je voulais exprimer; ma fierté d’être Acadien.
La chanson fétiche des Acadiens est “Évangéline”, cette jeune fille du petit village de Grand’pré, déportée en Nouvelle-Angleterre et qui a été séparée de son fiancé, Gabriel, au moment d’être embarquée sur un navire. Lorsque Gabriel retrouve enfin son Évangéline, des années plus tard, en Louisiane, elle rend l’âme dans ses bras, épuisée par le chagrin. Voici les paroles du premier couplet:
Je l’avais cru ce rêve du jeune âge;
Qui souriant m’apportait le bonheur;
Et confiant dans cet heureux présage;
Mes jeunes années s’écoulaient dans douleur;
Il est si doux au printemps de la vie;
D’aimer d’amour les élus de son coeur;
De vivre heureux au sein de la Patrie;
Loin du danger, à l’abri du malheur…
Évangéline, Évangéline,
Tout chante ici ton noble nom…
Le drapeau national acadien est celui qui orne le haut de cette page; bleu, blanc, rouge, comme celui de la France, avec l’étoile de la mer (Stella Maris) au coin supérieur gauche.
L’hymne national acadien est l’AVE MARI STELLA.
VIVE L’ACADIE – VIVE LES ACADIENS
Je remercie “Bernard Florian” <[email protected]> de m’avoir remis cette article, avec permission de la reproduire sur mon site.